LA NOURRITURE, PREMIER RôLE DU CINéMA JAPONAIS

Dans « La Cuisine japonaise à l’écran », paru aux éditions Hoëbeke (Gallimard, 2023), le styliste culinaire Sachiyo Harada a compilé plus de soixante plats emblématiques apparus dans les films du répertoire cinématographique nippon.

Restaurant – intérieur jour : un maître gastronome en kimono noir et blanc dispense un cours sur l’art de déguster les ramen, les fameuses soupes de nouilles japonaises. « Maître, par quoi commencer : le bouillon ou les pâtes ? », interroge son élève. « En premier lieu, tu dois contempler le ramen, lui répond le vieux sage. Profite des arômes qui s’en dégagent et observe attentivement le bol : ces petits trésors de gras qui scintillent à la surface, ces pousses de bambous luisantes, cette feuille d’algue nori noircie par le bouillon, ces cébettes qui flottent au-dessus et puis, clou du spectacle, ces trois tranches de porc rôti qui ont été posées là, à moitié immergées, très modestement. Maintenant, avec la pointe de tes baguettes, tu peux gentiment caresser la surface du ramen… pour lui exprimer ton affection. » Ce dialogue culinaire – devenu culte – est extrait du film Tampopo (Jūzō Itami, 1985). La séquence fait partie de ces nombreuses scènes du cinéma japonais dans lesquelles la nourriture joue un rôle central.

Le bol de ramen en question, gourmandise pour cinéphiles, figure également sur la couverture de La Cuisine japonaise à l’écran, récemment paru aux éditions Hoëbeke (Gallimard, 2023). Dans ce livre de cuisine à l’angle original, Sachiyo Harada, styliste culinaire et diplômée de l’école Ferrandi, a compilé plus de soixante plats emblématiques apparus dans les films du répertoire cinématographique nippon.

Page après page, les recettes impriment la rétine et rendent hommage à ces mets. Ici, on s’abandonne par exemple à la poésie comestible des films d’Hayao Miyazaki et du Studio Ghibli : les petits pains à la vapeur fourrés à la pâte d’azuki (des haricots rouges) du Voyage de Chihiro (2001) ou le saba misoni (un mijoté de maquereaux) du Vent se lève (2013).

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Là, on plonge dans la préparation d’un sukiyaki (une fondue traditionnelle à base de bœuf, dégusté dans Vivre, d’Akira Kurosawa, en 1952), d’un katsudon (un riz au porc pané, vu dans le Voyage à Tokyo, de Yasujiro Ozu, en 1953) ou d’un oden (un genre de pot-au-feu, apparu dans Samuraï Gourmet, de Masayuki Kusumi, en 2017).

Plus loin, on s’attelle à la confection des dorayakis (une pâtisserie typique) des Délices de Tokyo (de Naomi Kawase, en 2015) ou à celle des sakura mochi, ces gâteaux aux feuilles de cerisier qui accompagnent le thé à l’affiche de Dans un jardin qu’on dirait éternel (de Tatsushi Ōmori, 2018). Autant d’expériences sensorielles qui nous invitent à (re) découvrir l’histoire et le contexte culturel qui se cachent parfois à la surface des plats, dans chacun de ces films.

La Cuisine japonaise à l’écran, de Sachiyo Harada, Hoëbeke, 2023, 184 p., 28,50 €.La recette star Le risotto japonais de Princesse Mononoké, à base de bouillon dashi et de pâte miso.La touche pratique Pour chaque plat proposé, un synopsis détaillé du film dont il est extrait.

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