QUEL EST LE PRIX D’UN BON VIN ?

Il n’y a pas de secret. Pour produire un vin de qualité, il faut s’en donner les moyens. Le coût de production prend en compte de multiples postes et varie considérablement d’un domaine à l’autre, selon le mode de culture (conventionnel, biologique ou biodynamique), la main d’œuvre, le type de vendange (manuelle ou mécanique), le fait d’être propriétaire ou locataire de ses vignes, du matériel de vinification, et de son statut (jeune vigneron, reprise de domaine ou propriété bien établie). Il varie aussi sensiblement selon des critères de notoriété et de prestige, en fonction de l’appellation et du classement (Village, 1er Cru, Grand Cru).

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Qu’est-ce qui fait le prix d’un vin ? 

Pour produire une bouteille de champagne par exemple, il faut compter 1,2 kilo de raisin. En Grand Cru, il en coûte 8 € HT du kilo, et 6 à 7 € HT/kg pour un raisin de villages non classés. À Côte-Rôtie, où les rendements sont sensiblement plus bas en raison des vignes en coteaux, non mécanisables, il faut compter 1,5 kilo de raisin par bouteille à un tarif HT de 11 à 13 €. Dans les Côtes du Rhône, on est plutôt autour de 2,5 € HT du kilo à l’achat. À cela s’ajoute le coût de la main d’œuvre (permanents et saisonniers), de la vendange et tout le matériel nécessaire à la conduite de la vigne, des piquets aux cordes pour l’attache, en passant par le matériel de vinification à amortir (cuves, pompes, barriques, filtrations, produits œnologiques, laboratoire conseil et analyses etc.). À tout cela, pour être complet, il faudrait compter les frais quotidiens (eau, électricité, carburant, banque et assurances, comptabilité, bureautique). Les domaines assurés contre le gel et la grêle également ont un autre poste très lourd de dépense à amortir.

À la matière première incompressible et le matériel nécessaire à sa transformation s’ajoute le coût des matières sèches : le bouchon d’abord ; selon la qualité choisie (liège naturel, aggloméré), la longueur, on oscille entre 10 centimes et 1 € pièce ; mais certains domaines de prestige peuvent aller jusqu’à 1,5 € voire 2,5 € ! L’étiquette et la contre-étiquette complètent les coûts avec les frais d’imprimeur (0,2 € par bouteille). Puis la bouteille bien sûr, dont les coûts ont explosé avec la crise de la Covid et la guerre en Ukraine (40 à 50 centimes la bouteille). Les emballages, cartons ou caisses bois, l’encre et le scotch, la capsule congé viennent par ailleurs en complément de la facture. Enfin, le coût de la mise en bouteille (avec un prestataire) continue d’alourdir la note (25 centimes).

Suivent les coûts aval, liés à la distribution : la rémunération de l’agent ou du distributeur (environ 15 %), les frais liés aux salons et représentations. S’ajoutent pour certains producteurs des frais de communication et de marketing, entre les dégustations organisées pour présenter les vins, les campagnes de publicité éventuelles, les encarts publicitaires dans la presse ou les partenariats, la présentation d’échantillons à la presse spécialisée, aux concours et aux guides. Enfin, le transport et l’acheminement du vin vers le client final.

Le coût varie forcément selon la taille de la structure, du nombre de bouteilles produites, du rendement à l’hectare (hl/ha), de la rémunération de l’exploitant, du capital immobilisé, de la rémunération du foncier, du loyer éventuel des vignes, et bien sûr du choix final du prix de vente qui positionne le vin dans une stratégie de notoriété et de marché d’entrée de gamme, milieu de gamme ou premium. 

Comment estimer la valeur d’un vin ? 

En additionnant ces dépenses (coût de production et coût de revient), le grand écart est vertigineux : de 1 euro la bouteille pour de gros volumes produits sur des sols faciles à travailler avec des vendanges à la machine et des traitements phytosanitaires conventionnels, jusqu’à 10, voire 20 €. Pour une exploitation en bio ou en biodynamie, le coût de la main d’œuvre pèse : sur des vignes cultivées en coteaux, il faut compter 30 000 € par an et par hectare pour cultiver la vigne en bio. Pour une bouteille de bordeaux produite avec un rendement de 50 hl/ha sur une vingtaine d’hectares, le coût de revient est d’environ 3€/col commercialisé. Un peu plus d’un tiers du coût de revient est dû au vin lui-même ; l'embouteillage, l'habillage et la commercialisation représentant le reste. Mais pour un domaine récent, en biodynamie, où tout est travaillé à la main sur de petits rendements, le coût par bouteille dépasse allègrement les 10 €.

Gardez bien en tête une chose cependant : le vigneron doit reverser les 20 % de TVA ; le prix que vous payez n’est donc pas ce qu’il empoche au final !

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