PODCAST. POURQUOI LES éPICES ONT-ELLES EU TANT DE SUCCèS AU MOYEN-ÂGE ?

Les élites ou aristocrates n’ont jamais mangé autant épicé qu’au XIVe et XVe siècles. Les épices étaient omniprésentes sur les tables des puissants. Pourquoi un tel engouement ? On vous explique ce phénomène dans ce nouvel épisode du podcast « Cuisinons l’histoire ».

« 292 kg de grosses épices : gingembre blanc, cannelle, graines de paradis et de poivre. » Voilà une commande passée au XVe siècle par maître Chiquart, cuisinier à la cour du duc de Savoie, pour un banquet qu’il organise. Cette quantité astronomique d’épices témoigne de l’emploi massif de ces dernières dans la cuisine médiévale. Elles sont présentes dans la plupart des recettes de la fin du Moyen-Âge, et les couches sociales les plus aisées en mettent partout : « Les épices n’aromatisent pas seulement les viandes et les poissons mais aussi les céréales, les légumes, les desserts ainsi que les boissons comme le vin et la bière », écrit le sociologue de l’alimentation Éric Birlouez, dans son livre Sur les routes des épices, paru en 2013, aux Éditions Ouest-France.

Outre le fait de parfumer et de colorer les plats, les principales raisons de ce succès épicé sont de nature symbolique, sociale et médicale. On vous explique cette folie des épices dans le nouvel épisode du podcast Cuisinons l’histoire.

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Un signe de distinction sociale

« Sur le plan symbolique, les épices exotiques provenaient de régions chaudes et arides, que les gens du Moyen-Âge associaient à l’élément feu. Or, ce dernier était considéré comme le plus noble des quatre éléments de l’Univers devant l’air, l’eau et la terre », raconte Éric Birlouez dans ce podcast.

Côté diététique, on attribuait aux épices d’extraordinaires vertus médicinales : « Des substances aussi rares et précieuses ne pouvaient, par définition, qu’être bonnes pour la santé. La cannelle était réputée faire merveille contre les maux d’estomac et les diarrhées, le clou de girofle était jugé souverain contre les troubles de l’intestin, le gingembre facilitait l’assimilation des aliments et le safran aidait à s’endormir. Et bonnes aussi pour la vigueur sexuelle. »

Les épices étaient aussi un marqueur de richesse, un signe de distinction sociale. L’emploi à foison de ces denrées très coûteuses permettait d’afficher, aux yeux de ses invités, son rang de puissant. « La très grande valeur des épices en faisait une monnaie d’échange. C’est de là que vient l’expression « payer en espèces », c’est-à-dire en épices. Un kilo de poivre avait la même valeur qu’un kilo d’or ! »

Cuisinons l’histoire revient également sur la naissance de cette légende alimentaire , selon laquelle les épices seraient très utilisées pour masquer le mauvais goût de viandes souvent avariées. Notre expert démêle le vrai du faux.

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Bonne écoute !

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